Le Kid de Cincinnati, le tout premier film sur le poker
Reprenant la plupart des codes apparus dans le film de 1961 de Robert Rossen, L’Arnaqueur, avec Paul Newman en jeune ambitieux et prodige du billard voulant devenir le meilleur joueur des USA et affrontant le grand champion national pour ce faire, Le Kid de Cincinnati, sorti en 1965, et réalisé par Norman Jewison, suit une trame légèrement similaire, mais en plaçant cette fois-ci l’intrigue autour d’un joueur de poker.
S’il n’est pas le premier film à évoquer le poker, il est le premier à en faire le thème central de l’histoire. D’ailleurs, une des critiques de l’époque fut que pour ceux qui ne connaissaient pas les règles du poker, et dans ce cas particulier celles du 5-card stud, le film serait plus difficilement accessible.
Mais de revoir ce petit bijou aujourd’hui est très agréable, quand on connaît la popularité du poker actuel et son développement exponentiel, le jeu s’étant même récemment mis à la mode des crypto-monnaies via une salle de poker en ligne innovante les intégrant dans son système de jeu, car cela permet de revenir un peu aux bases du jeu, à savoir des affrontements tendus dans différents cercles de la Nouvelle-Orléans, comme d’autres grands films plus récents l’ont très bien montré, et notamment le chef d’oeuvre de Martin Scorcèse, Casino, s’il ne fallait en citer qu’un.
Un scénario classique, une réalisation aboutie
Légende : La légendaire scène de poker dans le film Le Kid de Cincinnati
Ce film est aussi l’occasion de voir le grand Steve McQueen en action, puisque c’est lui qui incarne Eric Stoner, le fameux « Kid » de Cincinnati, passionné de poker lancé sur la route du succès. Au menu de ses aventures, un triangle amoureux, un ancien perdant aidant McQueen contre son gré pour qu’il batte Lancey Howard « The Man », un ami fidèle tiraillé et sous la pression d’un chantage, et bien sûr une finale d’anthologie, avec une ultime main qui a beaucoup fait parler les connaisseurs de poker.
Ainsi la victoire d’un full As-10 face à une suite du 8 à la dame est plus que peu probable. Selon les calculs d’un fan, si les deux joueurs jouaient 50 mains de stud par heure, 8 heures par jour et 5 jours par semaine, une telle situation ne se produirait qu’une fois tous les 443 ans.
Mais qu’importe, car le plaisir véritable de suivre la folle progression d’un jeune loup, mais surtout son combat pour garder son intégrité dans un monde difficile, est bien présent tout au long du film avec juste quelques ficelles un peu grosses, et notamment le milliardaire William Jefferson Slade dans le rôle du méchant un brin cliché, mais aussi très typique de l’époque, en témoignent les James Bond des années 1960.
Le témoin d’une décennie
Ce film, qui aurait dû être en noir et blanc au départ, avant un changement de réalisateur décidé par la production, traite enfin magnifiquement d’une époque révolue du poker, mais aussi des États-Unis en général. Dans la perpétuelle course à la modernité que nous vivons, il est parfois très bon de se poser un peu pour se rappeler comment cela se passait avant.
Le Kid de Cincinnati, s’attaquant à un sujet inédit au moment de sa sortie, est aujourd’hui un véritable trésor d’ingéniosité dont de nombreux films récents, et notamment le très réussi film de Martin Campbell, Casino Royale, se sont inspirés pour retranscrire sur grand écran d’anthologiques parties de poker.
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